La Commission européenne a annoncé qu’elle infligeait une amende à cinq grandes banques pour avoir truqué le marché des changes

Un autre jour, un autre scandale bancaire.
La semaine dernière, la Commission européenne a annoncé qu’elle infligeait une amende à cinq grandes banques pour avoir truqué le marché des changes (Forex). Jusqu’à 11 devises mondiales ‘ dont l’euro, la livre sterling, le yen japonais et le dollar américain ‘ auraient été manipulées par des traders travaillant à Barclays, à la Royal Bank of Scotland (RBS), à Citigroup, à JPMorgan et à la MUFG Bank du Japon.
Au total, les amendes s’élèvent à 1,07 milliard d’euros (1,2 milliard de dollars).
« Banana split à trois », « Deux hommes et demi » ou encore « le train Express Essex et Jimmy » étaient les noms des chats utilisés par les traders des grandes banques pour échanger des informations sensibles sur les opérations de changes. Ces pratiques anticoncurrentielles se sont déroulées entre fin 2007 et début 2013.
Selon le Baromètre Edelman Trust 2019, les services financiers sont déjà le secteur le moins fiable dans le monde. La nouvelle de l’entente sur le Forex ‘ qui fait suite à d’autres scandales notoires tels que le scandale du Libor, le scandale des faux comptes de Wells Fargo, le scandale du fixing de l’or (dont je parlerai plus loin) et bien d’autres ‘ ne devraient pas améliorer le sentiment public.
Tout d’abord, permettez-moi de dire que la suppression du prix de l’or (« trucage », « manipulation » ou autre) n’est pas qu’une théorie du complot. C’est un phénomène bien documenté, avec de vrais acteurs et des ramifications réelles. En 2014, Barclays a écopé d’une amende de près de 44 millions de dollars pour avoir omis d’empêcher les traders de manipuler le « fixing » de l’or de Londres. À la fin de l’année dernière, un ancien trader de JPMorgan a plaidé coupable d’avoir manipulé les marchés des métaux aux États-Unis. Vous vous souvenez du « krach » des contrats à terme sur l’or de 2014 ?
Les références pour parler de ce sujet sont le Gold Anti-Trust Action Committee, ou GATA. Depuis maintenant 20 ans, Chris Powell et d’autres membres de GATA se sont donné pour mission d’exposer la collusion des institutions financières internationales pour contrôler le prix et l’offre de l’or.
La semaine dernière, j’ai eu la chance de m’asseoir avec Chris, secrétaire-trésorier de la GATA. Je lui ai demandé comment les institutions parviennent à manipuler le prix de l’or à l’échelle mondiale.
« Cela se fait surtout sur les marchés à terme », m’a dit Chris. « C’est également le cas sur le marché de gré à gré de Londres. Les instruments sont les swaps d’or et les prêts entre banques centrales et banques d’investissement, et la vente de contrats à terme. »
Robert Lambourne (GATA) a fait un rapport sur le sujet en mars dernier. Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, l’or est monté entre novembre 2018 et février, pour atteindre un sommet à environ 1 343 $ l’once. Normalement, les inventaires de l’ETF SPDR Gold Shares (GLD) adossé à de l’or physique auraient dû continuer de grimper au moins jusqu’à cette date. Mais ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. Trois semaines avant que le prix de l’or n’atteigne son sommet, les avoirs du GLD ont curieusement commencé à chuter et, le 4 mars, l’ETF avait perdu environ 57,8 tonnes métriques. Et comme le GLD est le plus important ETF or au monde (sa valeur s’élève à 30,2 milliards de dollars), une telle vente a naturellement une incidence sur le prix de l’or. Bien sûr, le métal jaune est vite tombé en dessous de 1 300 $. Que s’est-il passé ?
La réponse à cette question se trouve peut-être dans le relevé de compte mensuel de la BRI pour le mois de février. Selon le rapport de Robert, la BRI négociait encore activement des swaps d’or, qu’elle utilise pour avoir accès au métal détenu par les banques commerciales. Plus précisément, la banque a placé jusqu’à 56 tonnes de swaps d’or sur le marché en février.
Si vous me demandez, cette quantité est remarquablement proche des 57,8 tonnes qui ont quitté le GLD au premier trimestre de cette année.
Source : https://www.forbes.com/sites/greatspeculations/2019/05/20/yes-gold-is-being-manipulated-but-to-what-extent